Imaginez un SUV Aston Martin silencieux, 100% électrique, avec des allures de coupé futuriste. Vous l’avez ? C’était la promesse de l’Aston Martin DBX Concept en 2015. Un pari audacieux, une vision d’avant-garde qui promettait de propulser la vénérable marque britannique dans une nouvelle ère. Pourtant, cinq ans plus tard, le monstre qui a débarqué sur nos routes rugissait avec la fureur d’un V8 allemand. Pas de silence électrique, mais le son rauque et addictif d’un moteur thermique hautes performances.
Que s’est-il passé entre la vision et la production ? Comment un projet si radicalement tourné vers l’électrique a-t-il pu donner naissance à l’un des SUV V8 les plus désirables du marché ? Loin d’être un échec, cette transformation raconte une histoire fascinante de pragmatisme industriel, de stratégie de marché et de la difficulté de concilier le rêve d’ingénieur avec la réalité économique. Plongeons dans les coulisses de ce virage à 180 degrés.
Les infos à retenir (si vous n’avez pas le temps de tout lire)
- ⚡️ Vision Électrique : Le concept original de 2015 était un SUV coupé 2 portes, 100% électrique, avec des moteurs intégrés aux roues.
- 🔥 Réalité V8 : Le modèle de série lancé en 2020 est propulsé par un V8 4.0L biturbo d’origine Mercedes-AMG développant 550 ch.
- 👪 Pragmatisme Familial : La carrosserie 2 portes a été abandonnée pour une architecture 5 portes, bien plus pratique et demandée sur ce segment.
- ✨ ADN Conservé : Le design final, supervisé par Marek Reichman, conserve des éléments clés du concept, comme la calandre iconique et la ligne de toit fuyante.
- 🥋 Objectif Concurrence : Ce changement radical a permis à Aston Martin de rivaliser directement avec les rois du segment : les Lamborghini Urus et Bentley Bentayga.

Le Concept Aston Martin DBX de 2015 : une utopie électrique ?
Lorsque le rideau tombe sur le stand Aston Martin au Salon de Genève 2015, la surprise est totale. Aux côtés des supercars traditionnelles, trône un objet étrange : le DBX Concept. Surélevé, aux lignes lisses et tendues, il ne ressemble à rien de ce que la marque a produit auparavant.
Un design de coupé surélevé
Le premier choc est visuel. Le DBX Concept n’est pas un SUV pataud, c’est un coupé GT sur échasses. Avec seulement deux grandes portes et une ligne de toit plongeante qui se termine par un arrière inspiré de la DB10 de James Bond, il crie l’élégance et la sportivité. La couleur « Black Pearl Chromium », spécifiquement créée pour l’occasion, accentue ses courbes futuristes. L’intérieur est tout aussi avant-gardiste, mêlant cuir Nubuck et aluminium usiné dans un style minimaliste.
Une motorisation 100% électrique révolutionnaire
Le plus grand secret se cache sous la carrosserie. Pas de V12 ou de V8. Le capot avant est vide. Le concept Aston Martin DBX est propulsé par quatre moteurs électriques, un dans chaque roue. Cette architecture libère un espace considérable et offre une transmission intégrale entièrement pilotable. L’alimentation est confiée à des batteries lithium-soufre, et le freinage est assuré par un système carbone-céramique couplé à un KERS pour la récupération d’énergie. Sur le papier, c’est une véritable vitrine technologique.
Mythe & Réalité : Pourquoi Aston Martin a-t-il abandonné le rêve électrique ?
L’accueil est dithyrambique, mais le passage à la production va rapidement ramener tout le monde sur terre. Entre 2015 et 2020, la vision électrique va s’effacer au profit d’une approche bien plus conventionnelle. C’est l’angle que personne ne mentionne vraiment : ce n’est pas un échec, mais un pivot stratégique intelligent.
La réalité du marché des SUV de luxe
On va être direct. En 2015, le marché des SUV ultra-luxe n’était pas prêt pour le tout-électrique. Les clients de ce segment cherchaient avant tout la performance brute, le son d’un moteur noble et une fiabilité à toute épreuve. Alors que le grand public se demandait déjà quand nous verrions des voitures électriques avec 1000 km d’autonomie, les exigences du segment luxe rendaient le pari encore plus risqué. Des concurrents comme le Porsche Cayenne Turbo et le Bentley Bentayga fixaient la norme avec de gros moteurs thermiques. Tenter de rivaliser avec une technologie non éprouvée était un risque colossal pour une entreprise qui, un peu comme Zenvo, le petit constructeur danois d’hypercars, doit faire des choix pragmatiques pour exister.
Le partenariat en or avec Mercedes-AMG
La seconde raison est stratégique. Aston Martin a renforcé son partenariat technique avec Mercedes-AMG. Cet accord a ouvert l’accès à ce qui se faisait de mieux en matière de moteur V8 : le bloc 4.0L biturbo. Fiable, incroyablement performant et déjà éprouvé, il représentait la solution parfaite. Développer une plateforme électrique de A à Z aurait coûté des centaines de millions et plusieurs années de développement, sans garantie de succès. Le choix du V8 allemand était une décision pragmatique pour assurer la viabilité du projet DBX.
Le DBX de Production : le pragmatisme au service de la performance
Le DBX qui entre en production dans la nouvelle usine de St Athan, au Pays de Galles, est le fruit de ces choix. Il a perdu une partie de l’utopie du concept, mais a gagné en efficacité et en pertinence marché.
Un moteur V8 qui change la donne
Avec 550 chevaux, le DBX de série n’a rien à envier à ses rivaux. Cette puissance, issue de son moteur 4.0L, est un exemple parfait de la différence entre les chevaux et la cylindrée, deux notions souvent confondues mais qui définissent le caractère d’un moteur. Il abat le 0 à 100 km/h en 4,5 secondes et peut atteindre 291 km/h. La sonorité du V8, travaillée par les acousticiens d’Aston Martin, offre le caractère attendu d’une voiture de la marque.
Un châssis et un intérieur conçus pour le monde réel
Le passage à une plateforme 5 portes a rendu le DBX infiniment plus pratique. L’empattement long garantit une habitabilité royale à l’arrière, et le coffre de 632 litres en fait un vrai véhicule familial. L’intérieur, tout en restant luxueux avec des matériaux comme le cuir pleine fleur et l’Alcantara, intègre des technologies modernes comme les deux grands écrans numériques. Le châssis en aluminium collé, signature de la marque, est complété par une suspension pneumatique adaptative qui lui permet d’être aussi à l’aise sur circuit que sur un chemin de terre.

Comparatif : le choc des deux mondes
Pour visualiser l’ampleur de la transformation, rien de tel qu’une comparaison directe entre la vision et la réalité.
- Le Concept DBX (2015) :
- Moteur : 100% électrique (4 moteurs-roues)
- Carrosserie : Coupé 2 portes
- Vocation : Vitrine technologique, exploration du luxe électrique
- Philosophie : Révolutionnaire
- Le DBX de Série (2020) :
- Moteur : V8 4.0L biturbo thermique (550 ch)
- Carrosserie : SUV 5 portes
- Vocation : Conquête de parts de marché, véhicule polyvalent de luxe
- Philosophie : Pragmatisme performant
Le parcours du concept Aston Martin DBX jusqu’au modèle de série est bien plus qu’une simple histoire de développement automobile. C’est une leçon de stratégie d’entreprise qui montre comment une marque de luxe a su adapter sa vision la plus audacieuse aux contraintes du monde réel pour livrer un produit non seulement réussi, mais vital pour sa survie et sa croissance. Le rêve électrique n’est pas mort, il a simplement été mis en pause, le temps que la réalité du V8 assure l’avenir.
FAQ (Questions fréquentes)
Quel moteur équipe l’Aston Martin DBX de série ?
L’Aston Martin DBX de série est équipé d’un moteur V8 4.0 litres biturbo d’origine Mercedes-AMG. Il développe 550 chevaux et 700 Nm de couple. Une version plus puissante, le DBX707, porte cette puissance à 707 chevaux.
L’Aston Martin DBX Concept a-t-il été vendu ?
Non, le DBX Concept est resté un prototype unique (ou produit en très peu d’exemplaires) destiné aux salons automobiles. Il n’a jamais été commercialisé. Sa fonction était de tester la réaction du public et d’annoncer l’arrivée d’un SUV dans la gamme.
Existe-t-il une version hybride ou électrique du DBX aujourd’hui ?
En 2024, Aston Martin a introduit une version hybride rechargeable (MHEV) du DBX sur certains marchés, notamment en Chine, utilisant un 6 cylindres en ligne de 3.0L également d’origine Mercedes. La marque a clairement annoncé son intention de s’électrifier, et des versions plus poussées de l’hybridation ou du 100% électrique sont attendues dans les années à venir.

